Lovaganza : Des recours pour les investisseurs floués

La Presse Plus Article : Dossier Lovaganza

Par : Isabelle Ducas, La Presse

Jean-François Simard a investi 50 000 $ dans le projet Lovaganza, en plus de travailler pendant trois ans à temps plein pour l’organisation sans être payé, ce qui l’a obligé à réhypothéquer sa maison. Les dirigeants lui avaient promis qu’il serait remboursé et payé à la signature d’un contrat avec une maison de production de films.

Il se dit maintenant convaincu qu’il n’aura jamais son argent. Avec d’autres investisseurs désillusionnés, il évalue les recours possibles contre les leaders de l’organisation. Des démarches qui pourraient être longues et fastidieuses.

Que doit-on faire si on croit être victime de fraude ?

« D’abord, porter plainte à la police, mais les victimes omettent souvent cette étape », répond Sylvain Paquette, vice-président du Bureau canadien du crédit, firme-conseil en rétablissement de cote de crédit, qui a aidé bénévolement des investisseurs floués à être indemnisés dans deux dossiers, ces dernières années.

« Les gens sont un peu perdus, ils ne savent pas comment présenter leur plainte. Et quand ils vont à leur poste de quartier, avec un dossier complexe, les policiers ne comprennent pas toujours de quoi il s’agit. »

Parfois, les victimes sont trop épuisées et honteuses pour porter plainte, poursuit-il. Elles ont peut-être aussi fait des gestes illégaux, pour éviter de payer des impôts, par exemple.

Les victimes d’une arnaque peuvent-elles espérer récupérer leur argent ou être indemnisées ?

Seulement si des sommes peuvent être retracées, si les responsables sont solvables ou s’ils sont couverts par un programme d’indemnisation.

La semaine dernière, 190 victimes du fraudeur Nil Lapointe ont obtenu 7,5 millions de la Caisse Desjardins de la Vallée des Pays-d’en-Haut, à la suite du règlement à l’amiable d’un recours collectif, plus de 10 ans après les faits. Sylvain Paquette a aidé les victimes à se regrouper pour demander la mise en faillite de la succession de Lapointe et de ses entreprises.

« La faillite nous a permis de savoir où était allé l’argent, et on a pu intenter un recours collectif contre la Caisse parce qu’on estimait qu’elle avait fait preuve de négligence et d’aveuglement volontaire », explique le consultant.

Dans le dossier du fraudeur immobilier Denis Francoeur, 11 investisseurs de la Rive-Sud ont obtenu l’an dernier en cour des petites créances un dédommagement de 7000 $ (le maximum à l’époque), qui ne compense qu’une partie des sommes perdues. « Il y avait plus d’une centaine de victimes, mais plusieurs ont fait faillite ou voulaient seulement tourner la page », dit Sylvain Paquette.

Dans tous ces cas, les victimes ne sont pas couvertes par le Fonds d’indemnisation des services financiers, utile seulement en cas de fraude commise par un conseiller inscrit auprès de l’AMF.

Comment éviter de se faire avoir ?

On vous propose d’investir dans un projet, dans des fonds de placement, dans une entreprise, en vous promettant des rendements faramineux ? La personne qui vous en parle n’a pas de permis de l’AMF pour solliciter les investisseurs et ne vous remet pas les documents d’information requis ? Méfiez-vous.

Sylvain Paquette a assisté à une présentation de Mark-Éric Fortin, il y a quelques années, à la demande d’un ami qui avait été pressenti pour investir. « La promesse de rendement de cinq à dix fois le montant investi, le fait qu’il parle de prêts, ça n’avait ni queue ni tête », dit-il.

En côtoyant de nombreuses victimes d’arnaques, M. Paquette a constaté que plusieurs sont sensibles à la dimension spirituelle. « Ce sont souvent des personnes ayant moins de capacité de discernement, faciles à manipuler », observe-t-il.

D’ex-participants à Lovaganza ont décrit l’organisation comme un mouvement sectaire, où les membres subissent beaucoup de pression.

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